le calvaire qui était un moulin







Voici un petit carré de terrain situé à la rue de Lambrechies à Frameries, dont on peut retracer l’historique jusqu’à 300 ans en arrière. Voici un aperçu de cette histoire originale et mouvementée.


Vers 1710, un moulin à vent* est bâti sur une petite butte de terrain, à l’emplacement actuel du calvaire. Le moulin est racheté par la commune en 1787. Mais le 20 novembre 1807, une catastrophe survient : le moulin centenaire est détruit par un ouragan. Il sera reconstruit avant 1830 et revendu à un certain Jean-Baptiste Sauvage en 1841. Le moulin fut à nouveau renversé quelques années plus tard et cette fois on ne le reconstruit plus.

En 1870, le curé de Frameries, Jean-Baptiste Maroquin**, achète le terrain. Cinq ans plus tard, le calvaire, tel qu’on le connaît actuellement, est érigé.

Le 17 avril 1878, le volcan de l’Agrappe fait de nombreuses victimes (132 morts ! - > lire ici) : les framerisois, par milliers, viennent se recueillir au pied du calvaire. Spectaculaire et meurtrière, il s’agit bien entendu d’une catastrophe dans la longue liste des coups de grisou ayant endeuillé les charbonnages de Frameries et du Borinage.

Voici une des plus anciennes images connues du calvaire (photo de gauche). La principale différence avec aujourd’hui tient en deux éléments : les trois bancs de recueillement, et la pierre dressée. Cette pierre est toujours là aujourd’hui mais, sans doute frappée de vieillesse, chue, elle repose désormais contre la petite butte.

On pouvait autrefois y lire « A la pieuse mémoire de Monsieur J.B. Maroquin, Chanoine honoraire de la Cathédrale de Tournai, ordonné prêtre le 13 juin 1835. Curé de Frameries de 1850 à 1883. Décédé à Tournai, le 28 avril 1891. Priez pour lui ! ».

Au siècle dernier, la désaffection de la foi (et la fermeture des charbonnages qui va reléguer les catastrophes meurtrières au rang de tristes souvenirs) va progressivement faire diminuer cet engouement jusqu’à ce que le calvaire devienne l’espace solitaire qu’il est aujourd’hui.

Solitaire ? En êtez-vous bien sûr ?

Allez jeter un œil au calvaire. Regardez-le comme un lieu sanctifié ou comme le témoignage d’un passé digne d’intérêt. Profitez-en comme dans un lieu calme, propice à cinq minutes loin de l’agitation du monde. Faites-en le tour. Grimpez sur la butte. Vous aurez la stupeur de voir qu’à toute heure, des bougies y brillent.

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* Il est à noter qu’on trouve trace la trace de plus d'une demi-douzaine de moulins qui ont été érigés sur l’entité de Frameries. Avenue Joseph Wauters, anciennement appelée rue du moulin: il existait autrefois un moulin à vent, approximativement à l’emplacement actuel de l’école maternelle. On parle d’un moulin à la femme pendue (Eugies) qui a, lui aussi, été renversé par la foudre, et d’un autre moulin, situé au beau milieu d’un champ particulièrement venteux, à la limite entre Eugies et Sars-a-Bruyère. On relève aussi la présence d'un moulin à farine, en bois, à Noirchain, datant du XIIIème s. et démoli en 1846. Mais il en reste peu de traces et, évidemment, aucune image…

** Jean-Baptiste Maroquin… (bientôt).



















































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